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26 octobre 2021

Ce qui attire les étudiants français pour leur job: les grands groupes, l'ambiance et le salaire

Publié par Michel MURAT (6)

Quel est l'employeur préféré des étudiants? Les aspirations des futurs cadres ont-elles évolué après un an et demi de crise? Deux études viennent apporter des réponses éclairantes.


Depuis un an et demi, ils traversent un parcours du combattant pour obtenir un stage, un contrat d'alternance, voire un job étudiant. Une fois décroché, même accéder aux locaux de leur employeur a viré au casse-tête avec les restrictions liées au Covid-19. Beaucoup ont aussi connu la galère des intégrations via Zoom et du télétravail à temps pleinLa pandémie a bien laissé des traces sur le rapport des étudiants au monde de l'entreprise et leurs aspirations professionnelles, confirment deux récentes études.

Un constat s'impose: la perception de l'engagement des entreprises à l'égard des jeunes pendant la crise en a pris un coup. Pour 64% des répondants de l'étude "Jeunes des Grandes écoles et Universités"*, publiée ce jeudi 14 octobre par Harris Interactive, Epoka et L'Etudiant, elles n’ont pas fait grand-chose ou beaucoup moins qu’avant. 63% estiment même qu'elles ont été moins présentes. Seuls 36% des jeunes interrogés, jugent que "les entreprises ont communiqué sur les bons sujets, ont su répondre à vos préoccupations et attentes".

Au final, la moitié des étudiants issus de grandes écoles de management et des universités affirment que la crise a fait évoluer leurs critères pour choisir leur futur employeur. Ils sont 42% du côté des écoles d'ingénieurs à avoir fait de même. Parmi les conditions citées par l'enquête, la quête de sens et d'impact s'impose comme prioritaire. 41% expliquent vouloir travailler sur des sujets à gros enjeux pour aujourd'hui et pour demain et 37% affirment se fixer comme objectif de "faire un métier qui a du sens pour vous, pour la société, pour le bien commun".

La rémunération, priorité numéro un au niveau mondial

A l'heure où l'inflation galope, la rémunération est également un critère important pour 34% d'entre eux. C'est ce que vient corroborer une autre étude, "Universum World’s Most Attractive Employers". Publiée par Universum (expert de la marque employeur) début octobre, l'enquête a été menée à travers 10 pays auprès de plus de 221.000 étudiants d'écoles de commerce, d'ingénieurs ou IT**.

La priorité numéro un des répondants, tous profils confondus: obtenir un revenu élevé. Mais la préoccupation de ces futurs cadres n'est pas purement matérielle. La formation professionnelle et la qualité de l'ambiance de travail, qui s'imposent à chaque fois dans le top 4 de leurs critères, soulignent bien leur soif d'apprentissage et de relations sociales, après un an de crise marquée par le distanciel. Valeur refuge, la sécurité de l'emploi a aussi pris une place prépondérante dans les souhaits des sondés, et est systématiquement citée dans le top 5 de leurs priorités. "Désormais, trouver un environnement de travail créatif et dynamique – un critère habituellement assez étroitement associé aux start-up – n’est plus la priorité pour les étudiants ingénieurs et IT", note aussi l'étude.

L'international, pourtant prisé comme débouché professionnel de ces dernières années par les jeunes diplômés, connaît à l'inverse une désaffection en 2021, certainement liée à la fermeture des frontières de nombreux pays et aux restrictions de circulation. "Dans tous les secteurs d’activité, nous voyons les jeunes talents favoriser les entreprises dont le siège social est dans leur pays d’origine", constate ainsi Universum. 

La sécurité de l'emploi attire moins les étudiants français

Dans ce panorama global, les étudiants français font figure d'exception à différents niveaux. Si la rémunération représente toujours un critère important - et même le premier pour les étudiants d'écoles de commerce- tout comme l'ambiance de travail, la qualité du contenu du poste semble particulièrement prépondérante pour les jeunes Français. Ainsi, le fait d'avoir un travail ambitieux et challengeant arrive en priorité numéro un chez les IT et les ingénieurs et numéro deux dans les écoles de commerce. De même, la diversité des missions est aussi plébiscitée comme un critère prioritaire (3ème position chez les étudiants ingénieurs et en école de commerce).

Contrairement à leurs homologues internationaux, les Français s'inquiètent moins d'avoir une sécurité de l'emploi (29ème priorité des écoles commerce, 25ème chez les ingénieurs et 18ème chez les IT) et d'accéder à la formation professionnelle (respectivement en 20ème, 17ème et 9ème position des priorités). Les répondants du sondage Harris Interactive sont tout de même 53% a affirmé que la sécurité de l'emploi est devenue un critère de choix plus important qu'avant la crise.

Autre divergence majeure par rapport à nos voisins et aux autres pays occidentaux, l'importance centrale donnée aux références professionnelles. Seuls les Chinois, les Brésiliens et les Indiens se montrent plus préoccupés par ce point. "Travailler pour des entreprises renommées en tant que jeunes diplômés semble être vu en France comme une sorte de tremplin, alors que ce n’est pas du tout le cas dans les autres pays", avance l'étude.

L'Oréal, grand gagnant

Alors, quels employeurs tirent le mieux parti de cette nouvelle donne? En France, Danone, L’Oréal et Google sont les trois entreprises préférées des jeunes actifs, toutes catégories confondues interrogés par Harris Interactive-Epoka-L'Etudiant. Les ingénieurs plébiscitent Thalès, Airbus et le CNRS quand les jeunes diplômés d'écoles de commerce poussent Danone, LVMH et L’Oréal et les jeunes issus de l'université Google, Décathlon et Apple. Côté marque employeur, les entreprises testées par l'enquête ayant le plus progressé auprès des jeunes sont étonnamment assez méconnues du grand public: Savencia (alimentaire), Mondelez (agroalimentaire) et Spie (génie électrique) pour le top 3 des plus fortes évolutions. Frappé de plein fouet par la crise, certains groupes ou organisations ont au contraire vu leur image plus sévèrement écornée, comme Accor, BNP Paribas et Air France-KLM. Particulièrement épinglé pendant la crise sanitaire, le géant Amazon rejoint également le top 15 des plus fortes régressions de l'édition 2021.

Au niveau mondial, le classement Universum révèle sans surprise que ce sont les grands groupes innovants bien installés et en particulier les GAFAM (excepté Facebook) qui trustent les premières places des sociétés les plus cotées auprès des jeunes. Google et Microsoft s'imposent ainsi dans toutes les catégories. A noter que L'Oréal est le seul français représenté dans l'un des top 10 (5ème des employeurs préférés des étudiants d'écoles de commerce à l'échelle mondiale), loin devant LVMH (22ème, actionnaire minoritaire de Challenges). Au-delà de nos frontières, force est de constater que les grands groupes tricolores ne rayonnent pas encore de mille feux pour leur marque employeur.

 

*Méthodologie de l'étude Harris Interactive-Epoka-L'Etudiant: 5.500 étudiants ou jeunes diplômés d'écoles d’ingénieurs, d'écoles de management et d'universités ont répondu à l'enquête. Pour le classement des entreprises, une liste fermée de 240 employeurs a été testée sur quatre items (connaissance de l’entreprises, attractivité employeur, envie de travailler, performance de la communication des entreprises)

**Méthodologie de l'étude Universum: Enquête menée à travers 10 pays (USA, Chine, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Inde, Italie, Brésil, Russie, Canada et Corée du Sud) entre septembre 2020 et mai 2021, auprès de 221.807 étudiants: 110.529 en écoles de commerce, 84.476 en écoles d’ingénieurs et 26.802 en IT. Pour faire partie des classements WMAE, les entreprises doivent être présentes dans les classements Universum d’au moins 5 des pays.

Marion Perroud  Challenges

 

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