Management : l'autorité est-elle vintage ?
L'autorité paternaliste a perdu de sa superbe. Dans leur livre « Pour que l'entreprise continue à nous faire rêver», Laurent Kollen et Guillaume Villaros analysent comment les jeunes influencent les changements en matière de management dans les entreprises et comment le pouvoir peut aussi être transféré aux salariés.
L'autorité a souvent été assimilée à une question d'ordre social. Je détiens le savoir, donc je décide, donc je dirige. Mais voilà, l'information est aujourd'hui totalement décloisonnée. Tout le monde ne sait pas tout mais tout le monde sait beaucoup. La détention du seul savoir ne fait plus autorité . Mais également, l'autorité, déguisée en supériorité, a engendré des maladies pourtant prévisibles comme le caporalisme, le stress, le burn-out sous l'accélération du rythme des affaires, dans l'étau de la pression financière.
L'autorité s'est donc attiré les foudres des non-détenteurs de pouvoir, mais éduqués, à qui on ne la fait pas. Dans de mauvaises mains, l'autorité d'avant a perdu de sa superbe, jusqu'à en provoquer le rejet. Et chaque homme prévenu en valant deux, plus personne n'est, aujourd'hui, prêt à supporter l'autorité unilatérale et descendante d'avant. (…)
L'autorité nécessaire
Et pourtant, en entreprise, tout comme dans n'importe quelle organisation, l'autorité est nécessaire. On ne peut pas faire sans. Rien de grand ou de simplement élaboré ne se fait seul. L'autorité dessine une vision, crée de l'ordre, donne le la, pose le rythme, crée l'harmonie et par là même la performance. L'autorité rejetée du siècle d'avant doit juste revêtir une autre forme. Rappelons qu'une entreprise reste verticale. Même si on fait l'effort d'écouter le collectif, même si on offre la parole, il y a toujours un homme ou un groupe restreint qui décide.
Mais, on entend bien à quel point, dans le même temps, la société aspire à plus d'égalitarisme. Mais attention, cette notion nuit à l'esprit d'entreprise, freine l'initiative, car elle éteint les individualités et freine les talents. Parce qu'elle fédère, l'autorité doit demeurer, elle est juste tenue de se réinventer.
L'autorité défiée
On a toujours rapidement et simplement opposé liberté et autorité. L'une contraint l'autre, comme une évidence apparente. Alors c'est bien ici la liberté qu'on attend de retrouver. L'heure n'est plus au patron héroïque qui sait tout et qui décrète. (…) Le patron doit être honnête, authentique et à l'écoute plutôt que cupide et descendant. Les jeunes ne veulent plus d'un leader à la poigne de fer. Ils ne veulent pas d'un leader qui les transforme en pions de process.
Yuval Noah Harari le dit dans son livre Sapiens. Il nous livre un conseil : « La seule manière de survivre dans le monde d'aujourd'hui, c'est d'être conscient que votre valeur dépendra de votre capacité à apporter plus qu'un algorithme. »
Alors, on se bat pour ne pas subir, pour faire valoir sa singularité, pour peser. Ils n'ont pas peur, ces jeunes, de défier l'autorité qui se décrète et qui s'impose. (…) L'autorité doit donner envie de prendre la route plutôt que d'interdire de ne pas la prendre.
(…) Les sentiments d'autorité et d'absence de liberté sont devenus inacceptables pour beaucoup. Le monde entrepreneurial dans son ensemble l'a entendu. Autorité et liberté ont à se rabibocher. Demain, il n'y aura plus d'autorité sans liberté. Ça, c'est une bonne nouvelle.
L'autorité, une attente
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