Managers, voici comment rester optimistes malgré la crise
Le boulot d’un manager, c’est aussi de réussir à rester positif, y compris en cas de tempête. Les conseils d’experts pour garder le moral et tenir le cap contre vents et marées.
Ce n’est pas un scoop, la pandémie plombe le moral des Français. Constat morose, confirmé par le sondage réalisé par Qapa en avril dernier : selon la plateforme de recrutement d'intérimaires, 65% des personnes interrogées se disent démotivées, 59% anxieuses et 58% moralement fatiguées. Même sur LinkedIn, réseau social professionnel où règne habituellement un esprit positif, les témoignages de salariés «au bout du rouleau» ou en «perte de sens» s'accumulent. Dans ce contexte, rester optimiste, pour continuer à remplir ses objectifs, insuffler de l'énergie autour de soi et garder le cap, ne relève-t-il pas de l’exploit ? S'il y a parfois de quoi baisser les bras, quelques réflexes salutaires pourront néanmoins ranimer la volonté d'en découdre, quelle que soit la situation.
Le moral dans les chaussettes
Sans nier les difficultés, il va falloir commencer par vous requinquer. L'enjeu est d'autant plus important pour un manager que sa morosité peut facilement déteindre sur son équipe. «Quand j'étais jeune manager chez TF1, l'un de mes patrons m'a dit : tu as le droit de faire la gueule une fois par an. Mais ce jour-là, tu restes chez toi !», raconte Gaël Chatelain-Berry, auteur et conférencier, spécialiste du management bienveillant. Si vous ne pouvez pas vous absenter, il va falloir «faire avec» votre mauvaise humeur et trouver un moyen de stimuler votre motivation. Professeur de psychiatrie et d'addictologie à l'université Paris-Diderot, Michel Lejoyeux préconise de s'inspirer d'une méthode développée par l'université de Boston. Celle-ci repose sur trois actions simples à réaliser chaque semaine pendant deux mois.
D’abord, identifiez l’un de vos points forts et utilisez-le d'une manière inédite, ensuite, programmez dans la semaine une activité riche de sens qui va vous faire plaisir : téléphoner à un ami, vous promener dans la nature, faire un tour à vélo… Enfin, écrivez une lettre de remerciement à une personne de votre entourage. Résultat presque garanti : 64% des personnes ayant suivi ce programme ont ressenti plus d'émotions positives, plus d'optimisme et plus de confiance dans l'avenir. Attention néanmoins d'éviter de se fixer des objectifs trop ambitieux. «Ce qui tue la motivation, c'est la pensée du tout ou rien, expliquait récemment Michel Lejoyeux sur France Inter. En fonctionnant comme ça, on n'est jamais satisfait.»
L’équipe en perdition
Vous allez plutôt bien, mais c'est votre équipe qui s’essouffle. Plutôt compréhensible, après plus d'un an de contraintes sanitaires ! Votre bonne humeur ne suffira pas à détendre l'atmosphère. Selon Laurence Dilouya, fondatrice du cabinet de coaching pour dirigeants Arrêt sur Image : «La bonne attitude prioritaire, c'est l'écoute. Tout le monde a le droit de connaître une baisse de régime. Il faut laisser à chacun la possibilité de le dire. Le fait d'écouter et d'accepter d’en parler est une preuve de confiance et va faciliter la recherche de solutions.»
Entre collègues aussi, on doit redoubler d'attention les uns envers les autres et ne pas avoir peur d'exprimer ses angoisses. Beaucoup de salariés ont perdu leurs repères. C’est un moment propice pour «s'interroger sur le sens de son travail : ce qui me rend heureux dans mon métier, dans quel domaine je m'épanouis le plus, en quoi je contribue à l'entreprise, etc.», explique Laurence Dilouya. Un sujet que le manager peut aborder avec ses collaborateurs. «Cette recherche de sens permet de prendre du recul face à une situation difficile ou démotivante.» Pour mieux rebondir ensuite.
Le collègue rabat-joie
Un collaborateur qui soupire tout le temps , qui juge négativement la moindre initiative… Avec un tel «casseur d'ambiance», difficile de maintenir l'enthousiasme, a fortiori en période de crise. Que faire avant qu'il ne décourage tous les autres ? Mieux vaut éviter l'affrontement, sous peine de le braquer davantage. «Après un incident, pour que la situation ne dégénère pas, invitez cette personne au dialogue en mettant de côté votre ressentiment. Soyez attentif : elle est probablement en difficulté, recommande Jean-Christophe Villette, psychologue, directeur associé du cabinet de conseil Ekilibre. Dans 80% des cas, on trouve une solution en prenant la peine de comprendre l'origine des émotions exprimées.»
L’échec collectif
Autre manière de rester positif : alléger l’échec, voire le valoriser, en montrant qu’il est possible d’en tirer des enseignements pour s'améliorer au plus vite. Pourquoi ne pas organiser une «journée de la lose», comme le font certaines organisations, notamment dans le secteur public ? Chaque service raconte sa bourde du trimestre et, le cas échéant, la façon dont il s'en est sorti. L'avantage : tout le monde déculpabilise et se replace dans une bonne dynamique. Avec une information en interne bien gérée, la démarche évite à une autre équipe de répéter la même erreur.
Le boss «noir, c'est noir»
En réunion, votre patron disserte sans fin sur la pandémie qui plonge l'activité dans les abîmes de la crise... Rien de pire qu'un dirigeant négatif quand ses managers s'échinent, eux, à restaurer la confiance au sein de leurs équipes. Prendre son courage à deux mains et dire au boss que son attitude ne fait qu'aggraver les choses ? Oui, mais pas seulement. «Les dirigeants négatifs ou agressifs manquent souvent de confiance en eux et en leurs collaborateurs. Il faut les rassurer et, pour cela, ne pas hésiter à leur demander quels sont les points qui les inquiètent», indique Gaël Chatelain-Berry.
Sans faire changer son patron sur le fond, on peut lui suggérer des modifications sur la forme. Lui conseiller, par exemple, de communiquer sur les opportunités générées par la crise et transformer les obstacles en défis à surmonter. Une des principales qualités du leader est d'être optimiste. Pour Laurence Dilouya, cela ne consiste pas à être dans le déni. «L’optimisme, c’est aussi se dire que l'on doit agir pour que ça change : aller chercher dans ses ressources une occasion de rebondir, réfléchir à la façon de réduire l'impact d'une crise, élaborer un plan B… Bref, essayer, même si c'est difficile.»
Cet article est issu du magazine Management
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