Chômage : l'ombre des défaillances d'entreprises plane sur l'emploi
Au premier trimestre 2023, le chômage a baissé en France. Une bonne nouvelle, même si les défaillances d'entreprises inquiètent sur le front de l'emploi. En forte hausse, les procédures collectives s'approchent de leur niveau pré-Covid. Une menace pour de nombreux salariés, qui devrait s'amplifier en 2023.
Il y a du mieux sur le front du chômage: le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A (sans activité) a baissé de 1,2% en France (hors Mayotte) au premier trimestre 2023. "Une bonne nouvelle", selon les chiffres du ministère du Travail publiés mercredi 26 avril, avec un nombre de chômeurs établi à 3,016 millions.
Entrées en stage ou en formation, arrêt des recherches d'emploi et radiations... Les raisons de cette baisse sont toutefois multiples et appellent à la prudence, même si le ministre du Travail a salué ce "nouveau recul" sur la route du plein emploi. Une autre donnée inquiète justement. Avec de plus en plus d'entreprises défaillantes en 2023, le nombre d'emplois menacés fait froid dans le dos.
Une remontée du chômage à venir?
Selon les données du Conseil national des administrateurs judiciaires et mandataires judiciaires (CNA-JMJ), publiées en exclusivité par Challenges, au premier trimestre, 56.584 salariés attendaient l'issue d'une procédure de sauvegarde, d'un redressement judiciaire ou d'une liquidation judiciaire directe. Soit plus qu'un doublement par rapport à la même période de 2022.
Tous ces emplois ne seront certes pas détruits, puisque les procédures collectives permettent d'en préserver les deux tiers, en moyenne. Mais ces chiffres font craindre une remontée du chômage ces prochains mois.
Les emplois menacés ont doublé en 2023, avant une probable décrue.
Un niveau encore inférieur à l'avant-Covid
Frédéric Abitbol, président du CNAJMJ, tient pourtant à désamorcer toute analyse trop pessimiste: "Nous sommes simplement en train de revenir à marche normale, c'est-à-dire aux chiffres qui avaient cours en France avant l'épidémie de Covid et le “quoi qu'il en coûte”", assure-t-il.
Ainsi, si la remontée des défaillances d'entreprises dessine une pente raide comme une étape alpine du Tour de France, avec une hausse de 33% au premier trimestre, ces chiffres restent en deçà de l'avant-pandémie. Sur les trois premiers mois de 2019, 14.611 entreprises étaient entrées en procédure collective, contre 13.290 lors de la même période de 2023. En outre, seules trois sociétés en redressement judiciaire ou en sauvegarde depuis le mois de janvier comptent plus de 1.000 salariés - à commencer par le géant des Ehpad Orpea -, alors que 94% des ouvertures de procédures concernent des sociétés de moins de 10 salariés. Rien à voir avec les plans sociaux massifs qui secouaient la France lors de la crise de 2008.
La poussée à la hausse devrait continuer tout au long de l’année. L’assureur Allianz estimait ainsi, dans une étude publiée le 11 avril, que 2023 enregistrerait 41% de défaillances supplémentaires par rapport à 2022. De sévères secousses restent donc probables, en particulier dans le secteur du commerce, qui apparaît comme le plus sérieusement touché ces derniers mois. Le mouvement se stabiliserait ensuite, avec une légère décroissance de 2% en 2024. Le tsunami de faillites post-Covid tant redouté ne se dessine donc pas à l’horizon.
Source: Challenges
Aucun commentaire
Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.