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24 janvier 2025

Christian Garrigue - promotion ENIT n°4 de nom « Paul Painlevé »
Diplômé en 1970, ancien président puis bénévole pour l’ANIENIT, parrain de la promotion n°54

Après avoir reconstitué, non sans mal, la chronologie des présidents de l'ANIENIT depuis son origine, avec comme objectif de sortir, à terme...., un livre "d'or" de l'ENIT & ANIENIT, j'ai demandé à chacun des présidents de me décrire en quelques mots leurs parcours et contribution à l'ANIENIT.

Christian a été plus loin en nous proposant cet article qui est une magnifique page de vie d'un enisard passionné et engagé.

Merci Christian pour tout ce que tu as fait pour l'ANIENIT.

Bonne lecture

Jean-Claude VIGUIER


En ce début 2025 notre président Jean-Claude Viguier souhaite que je vous conte ma propre histoire de président de ce réseau exceptionnel « ENIT Alumni ». Que vous dire ?

Sous ma présidence (1978-79), rien d’extraordinaire, alors je vais déborder largement. Du respect, du travail, de la chance, je n’ai rien demandé, tout est venu à moi. Heu... j’espère ne pas être atteint du syndrome de l’imposteur ?

Né à Périgueux, marchant bien à l’école, j’avais deux repères : mes classes de 4eme et 3eme AM (Arts et Métiers) et un oncle qui avait réussi comme ingénieur. Week-ends et vacances à la campagne chez mes grands-parents (proche des Eyzies),  j’y ai vécu des moments inoubliables avec mon ami Jacky, fils de métayer de mon âge et une âme de bricoleur. Je rappelle tout ça car mon Lycée Professionnel ( on disait « la prof ») nous imposait la menuiserie en 6eme et 5eme puis de l’atelier sur métaux ensuite. Des classes Arts et Métiers couplées aux bricolage des jours de loisirs, j’étais dans l’entonnoir qui menait aux écoles d’ingénieurs. Puis, l’année du bac, j’ai dû choisir entre 3 filières qui m’avaient admis : prépa ou INSA ou ENIT. Et ne rigolez pas, j’ai choisi l’ENIT car je pensais qu’il n’y avait pas de chimie. Bon je passe car c’est là que l’histoire commence.

Excellent au Lycée, très moyen à l’ENIT, je me suis contenté de viser le diplôme. Bien que timide je pensais avoir quitté le lycée et ses professeurs distants pour une école où des sachants allaient échanger avec moi. J’ai vite compris que ce n’était qu’un « lycée 3 étoiles » et j’ai roulé sans forcer derrière les formules 1 de ma promo.

Bon, cher lecteur, mon préambule t’ennuie peut-être, c’est qu’il me plaît de me retrouver grâce à cet exercice et que j’ai quelques messages. Je continue.

J’aimais le concret : trouver des solutions, inventer et fabriquer. Les 5 ENI ont été créées pour générer des ingénieurs de fabrication sachant que les gadzarts étaient « plutôt » (clin d’oeil pour les plus anciens) ingénieurs de production. 1969 stage chez SOULE (société disparue) où j’ai réalisé une méthode manuelle de gestion de production de petits appareils électriques et organisé l’implantation d’un nouvel atelier de montage de ces mêmes appareils. 1968, stage à TURBOMECA où j’ai surtout créé une banque d’outils à grains toujours utilisés ; là j’ai découvert la commande numérique des machines-outils, les programmes sur ruban perforé, la cybernétique (le nom informatique était récent, 1962). A l’ENIT je ne me souviens pas avoir vu de calculateur mais ça y était : le virus de l’informatique m’avait touché.

Ici, je souhaite délivrer un premier message : restez l’esprit ouvert, soyez curieux !
En dernière année de l’ENIT, 1970, la question du futur s’est posée ; j’étais attiré par l’architecture, monter à Paris, « faire charrette » dans un cabinet, le rêve du moment. Et voilà, les solutions sont venues à moi : sursitaire, j’ai rencontré au Café de l’Europe (hé hé !) le directeur technique d’une petite société de service informatique juste créée à Tarbes. J’y fus embauché (avant mon service militaire que je ne ferai d’ailleurs pas) pour vendre et écrire des post-processeurs pour commande numérique. On m’a envoyé à Paris chez IBM pour une formation à la programmation et autre. L’ordinateur, un outil nouveau pour l’ingénieur, un régal.

Me voici le nez dans l’informatique, je crois me souvenir que les ingénieurs ENIT de cette époque qui bossaient dans l’informatique se comptaient sur une main. J’ai dit ci-dessus que l’architecture me chatouillait, donc curieux, j’assiste à une conférence sur l’ingénierie du bâtiment donnée par le PDG d’un cabinet d’architecture situé à Laloubère. Mon intérêt le touche et je me retrouve embarqué pour inventer une chaîne de programmes de métré-devis-descriptif, un programme PERT, le calcul et tracé de poutres en béton armé. Je joue à ça les soirs et samedis. Quel pied : je peux ainsi marier architecture (surtout BET) et informatique, et il m’offre des parts de sa société.
Vous avez suivi ?
Chers jeunes Enisards une anecdote pour un autre message :
je fus témoin de l’entretien d’embauche d’un jeune ingénieur ; il n’avait démontré aucun rêve, aucune passion, aucune envie, et le recruteur l’avait poliment remercié le trouvant vide. Même si votre CV n’est pas exactement dans la cible, affichez vos passions.

Et la « chance » m’a poursuivi. Le Cabinet d’Ingénierie a acheté un calculateur puis un terminal connecté à un ordinateur puissant du CEA-Saclay. J’avais accès à la puissance de l’informatique. C’est alors que le directeur commercial de la société de Saclay m’a proposé un poste d’ingénieur technico-commercial pour assister les clients locaux et si possible leur vendre des solutions.

C’est durant ces années que j’ai accepté deux ans de présidence de l’ANIENIT. Entre des périodes à risque pour notre diplôme que vous lirez dans les témoignages des autres présidents j’ai juste tenu la barre avec mon bureau, le principal objectif étant la survie de l’association. Je vais donc décevoir mon président actuel qui me demande d’évoquer mes grandes réalisations. Pas de fait exceptionnel, seul un souvenir me revient : j’avais écrit un éditorial du BIL où je souhaitais que l’ingénieur ENIT marque son passage dans la vie associative voire politique. Constat très positif, des Enisards ont marqué et marquent l’histoire.

La suite si vous acceptez.
De technico à commercial entre 1973 et 1981 sur Tarbes puis Toulouse, à commercial, il n’y a eu qu’un pas franchi grâce à mon savoir comprendre et vendre des solutions informatiques.
Ainsi un jour la CAO-FAO (the CAD-CAM) est arrivée et un directeur parisien a souhaité m’intégrer dans la société qu’il créait dans ce nouveau domaine. J’y ai plongé avec joie comme commercial puis responsable de commerciaux, d’agence et d’agences. Cette société a changé plusieurs fois d’actionnaires (j’en fus un quelques mois), BMW, SUMISHO ELECTRONICS, MATRA, EADS. Vendue à IBM et DASSAULT SYSTEMES en 2001,  j’en fus « sorti » en 5 minutes en visioconférence à 53 ans. Moment difficile heureusement effacé grâce à un partenaire qui m’a présenté à un de ses clients et j’ai terminé comme Consultant Apporteur d’Affaires (simulation par logiciel de mécanique des fluides et maquettes présentées en réalité virtuelle) jusqu’à la retraite ; de beaux souvenirs et un grand merci à ceux qui se reconnaîtront.

Expert en rien j'ai touché à quelques activités avec rien d'extraordinaire à conter. Nonobstant, je peux dire que la plaisance en voilier m'a eu passionné : stage au fameux Club des Glénans, acquisition d'un voilier habitable (l'AQUILA), canal du midi, sorties en famille, 2 croisières avec mon CE, une régate au sud de l'Espagne sur un vieux gréement du roi et la rencontre du team de Fanck Cammas grâce à un jeune ami qui y était chef du BE.

En 1970 j'ai eu la chance d'être coopté pour le Rallye Citroën "Paris - Kaboul" , quelques 17000km en deudeuches avec 3 copains de promo.

La retraite c'est un peu de Chi Gong et quelques bonsaïs, surtout la famille, pas de quoi écrire un roman pour notre assoc.

 

Et alors ? L’ANIENIT ?
Oubliée ? Bien sûr que non.
J’en suis devenu bénévole sous la présidence d’Arnaud Evrard, période où notre participation au  fameux salon SIANE a été décidé. Plus tard, j’ai eu le plaisir d’être webmaster en second quand le bureau de Jean-Luc Taupiac a choisi de rénover notre site web. Merci Alain Aubron qui a poussé ce projet, j’ai joué avec lui durant des centaines d’heures pour que notre site vous serve.

Et notre réseau ?
Ses services ?
Encore une aventure qui m’a été proposée. Un Enisard de la promotion 19, Jean-Pierre VIVES : envisageait de créer un BE de chaudronnerie industrielle. Il souhaitait partager cette aventure. Jean-Pierre m’a laissé le choix et j’ai plongé. Des moments parfois très concrets comme creuser le gravier dans le froid pour emboîter de bien gros tuyaux depuis une barge porteuse de pompes que nous avions conçue, ou se faire hisser à 30 m dans une nacelle pour vérifier un assemblage. Nous avons créé le plus haut système de convoyage de granulats sur tapis roulant de la région toulousaine (39 mètres de haut) en innovant pour diminuer masse et coût total et ainsi justifier notre présence dans le process. Notre idée : des câbles à la place des barres tendues d’un treillis conventionnel, les zones travaillant en compression restant en cornières soudées. Merci Jean-Pierre !
A ce propos, nous avions recruté un jeune ENISARD de la promotion 35 pour réaliser le projet en CAO et cette expérience fut un excellent tremplin professionnel pour lui.

Et c’est tout ? Mais non.
Arnaud Evrard m’avait fortement demandé de parrainer la promotion 54. Quelle joie ces rencontres à l’école et au foyer. Et cette cérémonie Place de Verdun, quelle émotion ! D’ailleurs voici copie de mon discours le jour du Baptême Place de Verdun et j’en terminerai là en espérant vous avoir montré mon attachement à notre école, à notre réseau ENIT Alumni, à vous tous.

Christian

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Baptême de la promo 54 

 

Mesdames , Messieurs, chers Filleuls.

 

C’est un évènement unique : votre Baptême.

Les anciens vous ont accueillis et vous ont proposé les fondations d’une aventure inoubliable : être élève de l’ENIT pour devenir Ingénieur ENIT.

Aujourd’hui vous vivez une première étape : ce baptême va signer votre intégration à L’ENIT.

Bravo pour votre choix, bravo pour vos premiers efforts !

 

Je suis un diplômé de la 4ième promotion ; il y a 50 ans j’étais à votre place. Pour votre baptême j’ai répondu à l’appel de vos anciens et je suis ici pour vous.

C’est  un honneur d’être votre parrain, c’est émotion et c’est plaisir aussi car cette école, l’ENIT, votre école maintenant, a impacté ma vie.

En 1966, lorsque je suis entré à l’ENIT, l’ingénieur ENIT n’existait pas ; puis les premières promotions ont trouvé place dans l’industrie et se sont montrées exemplaires. Alors les entreprises ont reconnu l’ingénieur ENIT et en ont redemandé et en redemandent encore. Vous commencez donc la belle aventure, celle de la connaissance des techniques de l’ingénieur et plus encore celle de l’homme-ingénieur.

Ma promotion et moi-même avons la fierté d’avoir contribué à la création de l’ingénieur ENIT et avec tous les anciens nous le protègerons toujours. Je n’ai aucun intérêt personnel à être votre parrain, je vis ce parrainage comme un devoir, rendre au mieux ce que j’ai reçu.

 

Vous allez donc être baptisés dans quelques minutes, c'est-à-dire reconnus pour le parcours vers le diplôme de l’ENIT et je souhaite ici vous proposer trois questions :

  • Savez-vous ce que vous représenterez pour la France ?
  • Pensez-vous que la chasse au diplôme suffira à votre carrière ?
  • Avez-vous mesuré le niveau de votre engagement ?

 

Pour ma première question :

Les ingénieurs représentent  1,12  % de la population française.

Et 95 % des actifs gagneront moins que des ingénieurs.

Être Ingénieur, un privilège qui se mérite et qui a ses exigences, j’y reviendrai.

 

Pour ma deuxième question :

Non ! Le diplôme n’est pas un objectif suffisant.

  • Les techniques de l’ingénieur :

Là nous sommes dans le rationnel et le concret, en écoutant vos professeurs et avec un travail régulier, vous les apprendrez.

  • Devenir homme-ingénieur, homme et ingénieur :

là nous touchons à l’irrationnel, à l’humain, ce sera plus difficile et plus long. Bien entendu vous apprendrez des techniques de communication et de management, mais c’est la vie avec les autres et pour les autres qui vous enseignera.

Françoise Dolto a écrit :

« Tout groupe humain prend sa richesse dans la communication, l'entraide et la solidarité visant à un but commun : l'épanouissement de chacun dans le respect des différences. ».

Pour ma troisième question :

A quoi êtes-vous engagés ?

  • A être exemplaire.

Vous hériterez de connaissances majeures grâce à vos professeurs, vous serez privilégiés plus tard, vous devrez avoir un comportement exemplaire et ça commence maintenant.

  • Au respect :

Respectez votre école, son histoire, son directeur et vos enseignants.

Respectez vos anciens encore élèves.

Respectez votre environnement : Tarbes a accueilli cette école en 1963, respectez les Tarbais.

Respectez vos anciens Ingénieurs diplômés, ils vous tracent tous les jours la bonne route.

Demain, devenus hommes-ingénieurs respectez vos collaborateurs.

  • A la solidarité : les anciens vous aideront  pendant votre scolarité et votre carrière, l’ENIT sera une référence et un point d’appui pour vos missions, vos confrères vous épauleront si besoin ; nous ne sommes rien en restant seuls et je vous rappelle Montesquieu :

« Pour faire de grandes choses, il ne faut pas être un si grand génie ; il ne faut pas être au-dessus des hommes, il faut être avec eux. »

 

Vos anciens ont débuté cet enseignement de l’irrationnel par des activités symboliques tantôt ludiques, parfois dures. Vous les avez acceptées, vous les avez vécues, vous les avez comprises, nous vous reconnaissons et c’est pour cette raison que vous serez baptisés tout à l’heure.

 

Ce baptême est une étape, il y en aura d’autres et je veux vous assurer que votre parrain fera son maximum pour vous accompagner dès aujourd’hui. Je ne serai pas seul car comme je vous ai dit la solidarité joue son rôle pendant les études, pendant la carrière et pendant la retraite.

Ma promotion revient d’un voyage en Espagne, il y a quelques mois elle était en Sicile. Le lien perdure. Vous pourrez compter sur nous.

 

Le temps passe, je parle trop. Je finirai par un peu de maths.

Albert Einstein qui magnait l’intelligence et l’humour avait dit :

« Soit A un succès dans la vie. Alors A = x + y + z, où x = travailler, y = s'amuser, z = se taire. »

 

Alors, travaillez bien, prenez du plaisir, et pour ma part je me tais.

Je vous souhaite le succès et vous dis : «  A bientôt ! »

 

Christian Garrigue (promo 4)

Parrain de la promo 54

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