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14 juin 2022

Histoire sociale et industrielle des Hautes Pyrénées

Être ingénieur, c’est aussi connaître son environnement social, géographique, historique, économique. Dans cette perspective, j’ai lu et apprécié l’ouvrage « Histoire sociale et industrielle des Hautes Pyrénées de José Cubéro - Publié en 2021 – Éditions CAIRN (www.editions-cairn.fr) - 25€ ».


Ce livre écrit par José CUBERO, agrégé d’histoire, enseignant au lycée Théophile Gautier à Tarbes, fait partie de la vingtaine de ceux qu’il a rédigé et ayant trait aux Htes Pyrénées, en lien avec ses origines espagnoles ou sur des thèmes plus régionaux. Dans cet ouvrage, illustré avec de nombreuses photos, il retrace l’évolution industrielle des Htes Pyrénées depuis 1870 avec comme corollaire les transformations sociales qui en résultaient et les conflits sociaux qui se produisirent à ce moment.

Il distingue plusieurs périodes :

  • De 1870 à 1914, où avant, les Htes Pyrénées avaient quelques industries traditionnelles (Marbre, textile, tanneries, mines ..) mais étaient essentiellement rurales, même si le train était arrivé à Tarbes en 1858. C’est l’implantation de l’Arsenal en 1870 qui va marquer le début de l’industrialisation, c’est aussi le début de l’hydroélectricité, c’est aussi l’apparition des ouvriers-paysans.

  • La Grande Guerre qui se traduit par une mobilisation générale de l’économie locale pour soutenir l’effort de guerre et une accélération de l’industrialisation. Il y a un manque de main d’œuvre d’où appel à des espagnols, des vietnamiens. En 1916, l’Arsenal comptera 16000 ouvriers dont 5300 femmes (NDLR : née en 1900, la grand-mère de ma femme y a travaillé). Mais c’est aussi, une période de revendications salariales avec « surveillance » des syndicalistes.

     

     

     

 

  • Les années 20 - Bond industriel avec l’électrification ferroviaire menée par la Compagnie du Midi et ses retombées locales : locomotives et wagons (CEF en 1921 devenues plus tard ALSTOM – Soulé – Lorraine Industries …) – isolateurs (CGEC Bazet) – conduites forcées (Chaudronnerie des Pyrénées). C’est aussi la reconversion des usines d’explosifs vers la production d’engrais. C’est l’émergence d’une classe ouvrière et une évolution des relations sociales avec des grèves importantes.

  • Les années 30 : crise, augmentation du chômage, diminution de la population active industrielle (1931 = 189993 ; 1936 = 188604). C’est aussi les grandes grèves de 1936, l’arrivée des réfugiés espagnols. Il y a un climat de désillusions.

  • 1939-1945 : mobilisation industrielle au début du conflit, l’arrivée des réfugiés français suite à la débâcle et donc une augmentation de la population (Tarbes – 1936 = 35000 – 1940 = 50000), le rejet du STO, la survie industrielle. Puis à la Libération la mobilisation pour la bataille de la production avec aussi des soubresauts sociaux.

 

 

  • Les années « glorieuses » : fin des industries traditionnelles (Marbre, textile, mines, …) ; importance des grandes entreprises (Alstom, Arsenal, SOCATA, Ceraver, Soulé, Péchiney), l’arrivée du gaz de Lacq, la construction des barrages avec augmentation de la population des vallées et le développement des stations de ski. Mais à partir de 1980, c’est le début de la diminution voire de la fermeture des grandes entreprises : Péchiney Aluminium Lannemezan, CERAVER, Arsenal (Nombreuses erreurs de gestion dans ce cas), éclatement de Soulé qui va contribuer à la création de plusieurs PME. En 1972, 12100 emplois industriels – en 2004, 3200).

 

 

  • Le changement de modèle économique - De nouvelles entreprises, plus petites. En 1978, les 2/3 des ouvriers, et cadres travaillent dans des grandes entreprises ; actuellement ces 2/3 sont dans des petites et moyennes structures qui représentent 15% de l’emploi global. Par exemple, la disparition de CERAVER a donné naissance à un pôle céramique dynamique (Boostec, SCT, Pall Exekia, Cerafast). On constate la disparition/création à Lannemezan, Bagnères de Bigorre, Pierrefitte-Nestalas. Il y a aussi les retombées de l’aéronautique vers des PME ou la création de Tarmac (Maintenance et démantèlement d’avions). Il y a un soutien politique (Incubateur d’entreprises), un pôle universitaire important (6000 étudiants) dont l’ENIT, un IUT complet, la recherche (ENIT, IUT, PRIMES).

     

 

 

En conclusion, c’est un panorama historique, facile à lire, pas rébarbatif, des évolutions sociales et industrielles du département, qui montre bien les changements et transformations qui ont eu lieu. Un regret : il y a seulement une page sur les aspects les plus récents de l’incidence de l’industrialisation sur l’enseignement technique et technologique. Il n’y a pas d’informations sur les écoles d’apprentissage qui ont existé au sein d’Alstom, de l’Arsenal, de SOCATA-DAHER, pas d’information sur la création des CET devenus lycées professionnels, la création de l’ENP (1926) devenue le lycée Jean-Dupuy, les BTS, l’ENIT (1963), l’IUT (1970).

Nota1 : sur le site loucrup65 (http://bonus.loucrup65.fr/usinesetmines.htm), nombreuses photos anciennes d’installations industrielles des Htes Pyrénées

Nota2 : les photos illustrant cet article sont personnelles

Jean-Marie Deladerrière (4)

 

 

 

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Commentaires

1 Commentaire

Gérard PEREZ (TARBES 8)
Il y a 2 ans
merci pour cet article , j'ai vu et surtout revu une partie de ma vie dans le HP avec les combats qui sur certains aspects n'ont pas aidés à retrouver des repreneurs. Les chocs ont ete durs et apres des réussites avec alstom , daher socata , tarmac et le pole ceramiques.

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