Les Entrépides, nouvel accompagnement pour les entrepreneurs de plus de 45 ans
Les Entrépides, nouvel accompagnement pour les entrepreneurs de plus de 45 ans
Créer son entreprise après plus de 20 ans de salariat ? Ils l'ont fait… Mais avec appréhension et un accompagnement sur mesure. La Fondation Entreprendre lance un programme dédié aux créateurs d'entreprise « seniors ».
Entreprendre, est-ce une question d'âge ? La Fondation Entreprendre répond à cette question par l'inauguration d'un nouveau programme d'accompagnement de six mois destiné aux futurs créateurs et créatrices d'entreprise de plus de 45 ans : Les Entrépides. Et lance un appel à candidatures pour recruter sa prochaine promotion , en partenariat avec Initiative France et Tous tes possibles. Car il semble bien que les besoins en accompagnement diffèrent selon les générations. Date limite pour postuler : le 14 décembre 2020.
Entreprendre, est-ce vraiment une question d'âge ? A 49 ans, Stéphanie Cocquet apporte la preuve vivante que non, que l'on peut créer à tout âge, sans complexe face au modèle dominant des startuppers tout juste sortis d'école…
Cette spécialiste de la communication a quitté son emploi salarié, après 25 ans passés dans le tourisme, l'éducation, l'environnement. En 2018, elle s'est lancée dans la formation, comme indépendante… mais un autre projet d'entreprise la rattrape. « Je voulais mettre en valeur les savoir-faire des territoires. J'ai commencé à développer seule ce concept, entre tourisme et artisanat. » Malgré la richesse de son expérience professionnelle, Stéphanie Cocquet se heurte vite à quelques difficultés. Il lui faut alors apprendre un nouveau métier, celui d'entrepreneuse. Et la voilà repartie sur les bancs de l'école ou presque, ceux des Entrépides…
Vaincre sa peur de l'insécurité financière
Entreprendre, est-ce réellement une question d'âge ? C'est en cherchant une réponse à cette question que la Fondation Entreprendre s'est décidée à passer à l'action. Faisant le constat que les parcours ciblés sur les entrepreneurs avec plus de 20 ans d'expérience professionnelle sont très peu nombreux , en 2019, elle a lancé une expérimentation. Pendant près d'un an, une douzaine d'entrepreneurs « seniors », dont Stéphanie Cocquet, ont été suivis et accompagnés pour identifier leurs besoins spécifiques.
La réponse a émergé rapidement : leurs besoins en formation, coaching et mentoring sont bien différents d'entrepreneurs plus jeunes. « Ils font preuve à la fois d'un manque et d'un excès de confiance. Manque, car ils se considèrent comme inemployables, et excès, car ils peuvent avoir beaucoup de certitudes du fait de leur expérience », explique Benoît Mounier, directeur des programmes de la Fondation Entreprendre. Il pointe aussi la nécessité pour la plupart d'entre eux de sécuriser plus vite des revenus financiers.
Le parcours de Yann Behr est exemplaire : 50 ans, une belle carrière de commercial et de directeur général, et une rupture conventionnelle qui l'amène à se poser des questions sur son avenir. « J'avais une frustration personnelle. J'ai fait le constat du court-termisme. Je me suis dit que je voulais aller au bout d'un projet », raconte l'entrepreneur, qui décide, fin 2018, de créer Wolbe, une marque de vêtements masculins confortables, chics et techniques.
L'âge idéal pour entreprendre
Mais avant de sauter le pas, l'ancien directeur commercial a dû vaincre sa peur . « J'avais la trouille, au niveau financier, de ne pas avoir de revenus suffisants pour faire vivre ma famille. » La réalisation de son projet sera plus forte que ses démons. « J'ai pivoté sur ma notion de patrimoine. J'ai vendu mon appartement et ma voiture. Désormais, je loue et je roule à vélo. »
Lui aussi a fait partie des « cobayes » du programme des Entrépides. Son projet était déjà bien avancé, mais Yann Behr l'avoue : « Je ne me sentais pas armé sur tout, par exemple sur le numérique et le juridique. J'ai eu la chance de rencontrer des professionnels très pointus. » Et puis il souligne un des écueils majeurs dont doivent se méfier les entrepreneurs très capés : les certitudes. « Il faut accepter les remarques négatives. Je me suis dit que je repartais de zéro. »
Pour Stéphanie Cocquet, il a fallu apprendre la posture de l'entrepreneuse, se convaincre que c'était le bon choix. Arrivée avec une idée bien ficelée , elle en est ressortie avec une entreprise : Kokorooo. « A un moment, j'ai arrêté d'utiliser le mot 'projet'. Et je n'en ai plus parlé de la même manière. Je savais dès lors ce que je voulais faire : une agence de voyages. » Aujourd'hui, elle est déterminée. La crise sanitaire retardera sans doute d'un an ou deux la commercialisation auprès du grand public, mais elle ne renoncera pas. Car, assure-t-elle, « entreprendre après 45 ans, c'est possible. Il ne faut pas se laisser décourager par le discours biaisé sur l'entrepreneuriat : 45 ans, c'est l'âge idéal. On a l'expérience, parfois les moyens. Finalement, ce n'est pas une question d'âge ».
De son côté, Wolbe a parcouru pas mal de chemin après son accompagnement par Les Entrépides, avec deux campagnes de crowdfunfing réussies sur Ulule, deux semaines d'exposition et de ventes dans un magasin éphémère en octobre à Paris… La période des fêtes s'annonce cruciale, mais Yann Behr est confiant. Et envisage l'ouverture de sa propre boutique à Paris, fin 2021.
M. Murat(6) - Source: Yves Vilagines, Les échos entrepreneurs-12/2020
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